Région de l’Est / Immoralité à ciel ouvert : La jeunesse initiée avec brio à l’arnaque

L’impunité et l’ignominie ont franchi le seuil de l’acceptable au Cameroun. Difficile désormais de faire le distinguo entre un acte posé par le citoyen lambda, frappé du sceau de l’ignorance, de la méconnaissance des lois en plus de l’instinct de survie, et celui perpétré par les autorités et officiers de polices judiciaires dont les gendarmes. La crise de confiance, de méfiance, la haine du flic voire le mépris des forces de maintien de l’ordre s’inscrivent aux antipodes de la logique de la peur du gendarme si chère à la morale sociale. Les jeunes servent de cobayes  et de victimes expiatoires d’une société camerounaise malade à sa racine. Le cliché observable dans les coins reculés du pays est le reflet du malaise béant dans lequel baigne une jeunesse candide, dépaysée et sacrifiée à l’autel d’une mafia organisée ‘’au sommet’’.

Exploitation abusive et violation des lois

Nombreux sont ces jeunes qui se font enrôler à longueur de journées au niveau des check-point. La mission de ces derniers, consiste à interpeller les conducteurs et autres usagers de la voie publique, collecter non pas les pièces personnelles du chauffeur ou le dossier du véhicule, mais de sécuriser les billets de 500 f cfa, 1 000 ou 2 000 f cfa  qui sont reversés dans la caisse tenue par le gendarme confortablement assis à l’ombre d’un arbre ou sous un hangar de fortune. Ces jeunes semblent vite assimiler les techniques qu’ils en ont fait une addiction. Parfois en l’absence des organisateurs de contrôle, les jeunes à la limite des gamins, prennent l’initiative d’organiser leur propre arnaque, sans la moindre crainte de se faire traquer. Car dans le subconscient des usagers, ‘Chef est derrière’’, pensent ces jeunes auxiliaires de contrôle. Il est environ 06 heures du matin ce 29 mars 2022 au poste de contrôle mixte police/gendarmerie de Kambélé I, une bourgade périphérique de la ville de Batouri, département de la Kadey, région de l’Est. Un gamin d’environ 11 ans, se pointe devant un usager de la route et tente de murmurer un mot à peine audible: «L’argent! L’argent!» Une sorte de bis repetita de ce qu’il entend et voit comme rituel à l’entrée de l’un des plus grand chantiers de gisement d’or du coin. Les motos doivent pauser 1 000 f cfa/jour. Cela illustre à suffire le degré d’exploitation des jeunes par les forces de maintien de l’ordre aux postes de contrôle. Point n’est besoin de vouloir se faire une idée des pièces contrôlées, encore moins de vérifier la régularité ou non desdits contrôles. Les valeurs morales et civiques sont ainsi assassinées et foulées au pied, lorsqu’on voit des jeunes initiés au gain facile par ceux-là qui doivent prêcher l’exemple. Il n’est pas inutile de rappeler que les choses ne se passent pas toujours à l’insu des autorités.

Des exemples de nature sont légion à mesure qu’on évolue d’un coin à l’autre du pays. Avoir des jeunes se voir priver de leurs droits même les plus absolus dont le droit à l’éducation, est perçu comme une violation flagrante des droits de l’enfant. Plusieurs chartes et conventions internationales pourtant ratifiées par le Cameroun assimilent de telles pratiques à des activités dangereuses pour l’enfant.  Selon l’organisation internationale du travail (OIT): «Le travail des enfants regroupe l’ensemble des activités qui privent  les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent à leur scolarité, santé, développement physique et moralIl y a urgence d’éloigner ces jeunes qu’on enrôle dans les postes de contrôle des pratiques peu orthodoxes qui peuvent s’avérer préjudiciables à leur éducation et à leur développement psycho-mental tout en leur parlant des bienfaits de l’école. Un billet de 2 000 f cfa ou 3 000 f cfa à la fin d’une journée de ‘braquage’ ne participe guère à leur émancipation.

                                                                                                                             Rosane N.B.

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