EDITORIAL / Ce que je pense: L’imposture et l’abus d’autorité sont-ils devenus la règle dans les administrations publiques au Cameroun ?

Dans notre pays, la grande impression qui se dégage est l’existence de nombreux abus d’autorité infligés par certains chefs hiérarchiques à leurs collaborateurs. Le cas le plus en vue aujourd’hui est celui de l’éviction du Dr Fridolin Nke de l’université de Yaoundé 1 sans autre forme de procès. Cette manière cavalière et caporaliste de gérer les ressources humaines dans notre pays frise la démesure et l’imposture. Dans un pays dit de droit,il est admissible que certaines pratiques malsaines mafieuses et indécentes puissent se produire à l’instar de la privation des droits à des citoyens sans s’en référer à la justice dans le cas du constat d’une infraction commise.Pourtant , beaucoup de bandits à cols blancs roulent carrosse au Cameroun sans être inquiétés même après avoir constaté leur implication dans les détournements endémiques des fonds publics. Mais, comme chez nous, chacun est créateur de sa propre morale administrative et sociale, et que la justice est aux ordres et inféodée à l’exécutif,on assiste à des incongruités criardes dans la gestion des litiges et des problèmes entre collaborateurs dans nos administrations publiques. Il se donne généralement à observer une certaine personnalisation de l’administration publique qui fait que les institutions républicaines sont érigées en des épiceries familiales à l’intérieur desquelles ceux qui sont à leur tête, dictent leurs propres lois sans s’en référer aux normes républicaines en la matière. Il est très facile d’entendre un administrateur parler de son ministère , pour désigner l’institution publique qu’il dirige après un acte nominatif du chef de l’État.
Dès lors, facilement, un Chef hiérarchique dans une administration publique peut décider du limogeage d’un collaborateur selon ses humeurs, sans que cela n’offusque personne.
S’il est admis que le recteur de l’Université de Yaoundé s’est vu insulté copieusement par son collaborateur Enseignant Fridolin Nke,il existe bel et bien des institutions agréées par l’État ( la justice par exemple) pour que des affaires d’atteinte à la dignité humaine en soient portées pour être jugées. Mais de là à ce que le RECTEUR lui-même se fasse justice, il n’y a qu’un pas pour comprendre la manifestation de l’imposture et des abus d’autorité dans nos administrations publiques au Cameroun. S’il est vrai que les institutions publiques sont taillées à la mesure de l’État de droit, il devient superfétatoire de les ériger en arènes pour Gladiateurs à l’intérieur desquelles les plus forts mangent les plus faibles.
Le cas Fridolin Nke fait jurisprudence et pose la problématique de l’imposture et des abus d’autorité dont souffrent beaucoup de collaborateurs des chefs hiérarchiques dans nos administrations publiques. Un véritable donner à penser dans la mesure où,il serait possible de détecter les causes majeures de l’inertie et de l’improductivité qui plombent nos administrations publiques du fait de l’imposture et des abus d’autorité qui y règnent.

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